LE PROFESSEUR À L’HONNEUR
Le gouvernement de France vient d’attribuer le titre de Commandeur de l’Ordre des Palmes Académiques au Professeur Madanagobalane en appréciant la remarquable contribution qu’il a apportée au rayonnement du français en Inde.
Il a en effet enseigné la langue et la littérature françaises successivement à Delhi (Jawaharlal Nehru University), Madurai (Madurai-Kamaraj University) et Chennai (University of Madras).
Vu la contribution dramatique dans laquelle s’exerçait le métier d’enseignant de français en Inde, il a fondé, en 1984, l’AITF qui est à l’origine de nombreuses réformes qui sont survenues, par la suite, dans le domaine de FLE en Inde : introduction des méthodes récentes, édition indienne des manuels français, accès aux manuels français à prix réduit, distribution équitable des bourses, etc. Il a en même temps posé les premiers jalons vers la fabrication indienne des manuels de français en publiant Mantra qui est au programme de +2 dans les Etats de Tamilnadu et Kerala. « En effet M. Madanagobalane est le guru de l’énergie, » dit Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de France en Inde, M. Dominique Girard. « La puissance de son mantra est telle que celui-ci – et le sera aussi dans l’avenir – une source d’inspiration aux enseignants de français ainsi qu’aux apprenants indiens. »
Par ailleurs, M. Madanagobalane est l’auteur d’une thèse de doctorat sur Malraux. «Jeune chercheur à Paris, il eut l’occasion de rencontrer Malraux (sur qui il préparait sa thèse) et d’être aux premières loges pour observer les étudiants de mai 68 aux prises avec l’idée de la révolution dans un pays agité par un mouvement d’impatience envers le monde tel qu’il était à
cette époque », dit SE M. l’Ambassadeur qui considère son œuvre comme « une plaque tournante dans les travaux de recherche entrepris en Inde », car elle augure bien la naissance « d’un nouveau continent oriental dans la littérature moderne, à savoir l’Inde de Nehru ». « C’est peut-être Malraux qui lui servait de modèle, ajoute-t-il, dans de nombreux combats qu’il a menés avec succès pour établir les droits d’enseignement de français dans son pays. »
Il revient aussi à M. Madanagobalane le mérite d’avoir entrepris, le premier, l’initiative de présenter, avec une équipe de traducteurs, les œuvres littéraires françaises et francophones en traduction tamoule ainsi que les textes tamouls en langue française.
Il est sûr que l’attribution du titre de Commandeur de l’Ordre des Palmes Académiques à M.Madanagobalane encouragera beaucoup d’autres enseignants de français à œuvrer dans le même sens afin que s’établisse un vrai dialogue des cultures entre l’Inde et les pays francophones.
R. KICHENAMOURTY
Pondicherry University
LE TRAIT-D’UNION, décembre 2003, Vol LX.2 |