University of Madras
Association of Indian Teachers of French
Association internationale des études québécoises
Webinaire
La Reproduction de l’ambiguïté en traduction littéraire
Conférencier
M. Louis Jolicoeur
Professeur de Traduction & Vice-Doyen à la recherche, Université Laval
Écrivain, Traducteur, Interprète de conférence
le 28 septembre 2020
Compte rendu du webinaire
L’Association of Indian Teachers of French organisa le 28 septembre en collaboration avec l’Association internationale des études québécoises et l’Université de Madras son cinquième webinaire depuis le début de la pandémie.
La visio-conférence, intitulée La Reproduction de l’ambiguïté en traduction littéraire, fut animée par M. Louis Jolicoeur, écrivain, traducteur et professeur en Traductologie à l’Université Laval, Québec.
Lors de l’inauguration, Mme. N.C.Mirakamal, chef du département de français à l’Université de Madras et Vice Présidente de l’AITF remercia l’AIEQ non seulement de son soutien pour cet événement, mais aussi pour les diverses activités de l’AITF, allant de l’organisation de séminaires et conférences sur les études françaises et francophones aux publications des actes de colloques, parmi d’autres.
Mme. Chantal Houdet, Directrice générale de l’AIEQ, loua les efforts de l’AITF pour la promotion de la réflexion sur la langue, la littérature et la culture francophone – et surtout québécoise – malgré la pandémie actuelle ; et en gage de son appréciation, attira l’attention des membres de l’AITF à la création d’une nouvelle bourse de perfectionnement en enseignement de FLE à l’Université Laval, lancée conjointement par l’AIEQ et l’AITF pour les chercheurs-enseignants indiens membres des deux Associations.
Prof. K. Madanagobalane, Président de l’AITF, tout en appréciant cette synergie entre les deux Associations grâce à l’initiative de la Directrice Générale de l’AIEQ et du Bureau de l’AITF, présenta les activités et les accomplissements de l’AITF, notamment la traduction des chefs d’œuvres québécois dans les différentes langues indiennes. Selon le Président, malgré les maigres ressources à la disposition de l’AITF, l’Association a réussi à faire connaître au lectorat indien, certaines des plus belles œuvres d’écrivains québécois tels que Gérard Bessette, Michel Tremblay, Françoise Loranger, Anne Hébert, Denis Bélanger, Naim Kattan, Louis Jolicoeur, Larry Tremblay, etc. Mais la traduction de la littérature québécoise en langues indiennes étant encore négligeable, M. Madanagobalane exprima la certitude que la conférence de M. Jolicœur aviverait un fort intérêt chez les participants indiens; et qu’on verra sans doute dans l’avenir une pléthore de traductions de ces œuvres dans les différentes langues du pays.
Prof. Louis Jolicoeur ouvrit ainsi sa conférence, en expliquant qu’à ses yeux, l’approche de la traduction littéraire s'appuie sur trois concepts : la beauté, définie à partir du rapport au vide et à l'ambigu, l'attirance qu'exerce le texte de départ sur le lecteur-traducteur et l'effet provoqué tant par le texte de départ que par le texte traduit. L'attirance, elle-même reliée à cela que l’on trouve beau, à ce que l’on pourrait ainsi appeler l’effet-beau, est vue ici comme le moteur de la traduction, en ceci que le lecteur-traducteur doit être séduit par le texte à traduire, tout en cherchant à combler l'absence qui le sollicite. Quant à l'effet, qu’il faut savoir repérer si l’on veut le reproduire en traduction, il est lié à la cohérence interne du texte, aux traces de l'auteur et à l'ambiguïté inhérente à l'esthétique du texte. En somme, l’effet du texte, c’est ce à quoi le traducteur doit se consacrer, dès qu’il a trouvé sa voie (et sa voix) entre les deux pôles qui semblent de tout temps lui avoir été imposés : la fidélité et l’adaptation, ou, si l’on préfère, la littéralité et la littérarité. Quant à l’ambiguïté évoquée, elle est propre à toute œuvre d'art, en particulier l'œuvre littéraire, et elle peut se diviser en deux catégories : l'ambiguïté structurelle, sur laquelle repose la logique de l'œuvre dans son ensemble, et l'ambiguïté immédiate, qui touche au style, à la personnalité d'un auteur. Les problèmes engendrés par la traduction de l'œuvre de l’écrivain uruguayen Juan Carlos Onetti – dont M. Jolicoeur a traduit plusieurs romans – offrent une excellente illustration de la distinction qu'il faut faire entre ces deux types d'ambiguïté.
Le succès d’une conférence se mesure par la qualité des interventions, mais aussi par le nombre de participants qui y assistent. En effet, le webinaire de M. Jolicoeur vit la participation de près d’une centaine de chercheurs-traducteurs des pays aussi divers que l’Argentine, l’Algérie, le Bangladesh, la Belgique, le Brésil, le Canada, l’Espagne, la France métropole et la Réunion, et bien sûr, l’Inde, parmi d’autres. Par ailleurs, elle suscita de vives discussions sur la littérature québécoise ainsi que sa traduction en langues indiennes.
Ce webinaire fut le deuxième événement académique de ce genre qu’organisa l’AITF en moins d’un mois. Le premier, consacré à L’exploitation didactique de la nouvelle indienne traduite en français dans l’enseignement-apprentissage du français langue seconde, naquit de la conviction qu’un texte traduit se veut non seulement une création littéraire, mais aussi peut-elle servir comme un outil potentiel dans l’enseignement du FLE.
L’AITF envisage ainsi de poursuivre ce fructueux dialogue avec le Québec à travers une série de visio-conférences et de webinaires, et prévoit organiser dans le proche avenir un atelier virtuel en collaboration avec l’Université Laval pour former de jeunes collègues indiens en enseignement du français langue étrangère ; une table ronde avec les auteurs de l’Atlas littéraire du Québec (2020).
Dans la certitude que ces événements ne décevront points les chercheurs-enseignants membres de l’AITF,
Dr. Ashish Agnihotri
Associate Professor, Centre for French & Francophone Studies
Jawaharlal Nehru University, New Delhi
Joint Secretary, Association of Indian Teachers of French
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